Globalement, le tourisme est l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie de la Covid-19, engendrant un impact néfaste sur les économies, les moyens de subsistance, les services publics et les opportunités sur tous les continents. L’une des conséquences de cette situation a été une pression supplémentaire sur la protection du patrimoine naturel forestier et la capacité d’amélioration des conditions socio-économiques des populations riveraines et autochtones, en particulier.
Dans le cadre de la conservation, l’arrêt des activités touristiques liées aux quarantaines a été synonyme de plusieurs mois sans revenus pour de nombreuses aires protégées et leurs communautés périphériques qui dépendent fortement du tourisme pour leur survie. Du Congo au Cameroun, en passant par la République Centrafricaine, les aires protégées du TNS ont toutes été affectées par une série d’événements provoqués par la pandémie.
Un moment difficile pour les 3 parcs du TNS
Aux Aires Protégées de Dzanga Sangha (République centrafricaine), la restriction des mouvements a clairement mis fin à toutes les activités touristiques prévues. Ceci a été un coup dur pour ce parc qui avait généré environ 140 millions de FCFA de recette touristique en 2019 et venait historiquement de réaliser environ 75 millions FCFA de janvier à février 2020 uniquement.
Cette rupture a également eu des répercussions négatives sur le Programme d’Habitation des Primates (PHP) du parc qui dépend largement des recettes touristiques et plus particulièrement des revenus issus de l’observation des gorilles (une activité suspendue depuis la propagation de la pandémie). Ajouté à cela, des centaines de personnes qui dépendent du parc directement ou indirectement pour leur subsistance (guides touristiques, cuisiniers, assistants de surveillance, etc.) se sont retrouvées partiellement ou entièrement sans emploi et la communauté a vu sa quote-part de recettes liée au tourisme diminuée. Ajoutée à ce déficit financier, l’unité d’écotourisme a dû utiliser une grande partie de son budget pour la réhabilitation des infrastructures d’accueil en constante dégradation due à leur non-utilisation prolongée.
En république du Congo, la récente approche de promotion et de développement de l’écotourisme communautaire par le Parc National Nouabalé-Ndoki n’a pas pu prendre son envol suite à cette pandémie. Les activités prévues pour accueillir les touristes ont toutes été annulées tout au long de l’année 2020 afin d’éviter de potentiels cas de contamination.
Au Parc National de Lobéké (République du Cameroun), aucune visite touristique n’a également été enregistrée tout au long de l’année 2020. Une première dans l’histoire de ce parc.
Le mode d’adaptation est enclenché !
En l’absence des visites touristiques, les trois aires protégées du TNS ont misé sur un aspect en commun, des activités d’adaptation et de renforcement de compétences afin de mieux développer le secteur en perspective.
Au Parc national de Nouabalé Ndoki, de nombreuses activités ont été mises en place pour préparer la période post-pandémie. Premièrement, des membres de la communauté locale ont vu leurs capacités renforcées à travers des voyages d’échanges et des formations. Des artisans, notamment ceux issus des communautés locales ont été soutenus via la fourniture d’équipements de travail. Afin de faciliter leurs interactions avec les touristes, des cours d’alphabétisations ont également été organisés pour les pisteurs et les guides en particulier. En matière d’infrastructure, un nouveau restaurant-bar, de nouvelles installations d’hébergement et des miradors ont été construits /réhabilités.
Au Parc National de Lobéké, le Service de la conservation s’est mis en mode renforcement et aménagement. Pour se faire, plusieurs artisans ont vu leurs capacités renforcées à travers des ateliers de formations couronnées par l’aménagement d’une salle d’exposition pour la valorisation de leurs produits et talents artistiques. En guise de promouvoir une culture touristique locale, le Service de la conservation du parc a également poursuivi plusieurs activités de promotion de l’écotourisme dans les milieux scolaires matérialisés par des visites touristiques des élèves et leurs enseignants en forêt !
Aux Aires Protégées de Dzanga Sangha, la réhabilitation de plusieurs infrastructures touristiques et la création de nouvelles activités ont été au rendez-vous. En termes d’infrastructures, le Doli-Lodge a été réhabilité afin de garantir un environnement d’accueil idéal pour les touristes et les visiteurs. La réhabilitation des voies d’accès à certains sites a également été effectuée, ceci a contribué à réduire largement le temps d’accès comme en est le cas de la route vers le camp d’habitation des gorilles de Bai Hokou. Afin d’enrichir l’expérience touristique Dzanga Sangha, un nouveau quai sur les rives de la Sangha et une nouvelle passerelle en liane ont été construits. Des formations programmées pour le personnel du Doli lodge, la conception d’autres activités touristiques et des dispositions pour favoriser le tourisme local et régional ont également été mises en place en attendant que le tourisme international se réinstalle au parc.
Afin d’accroitre, la capacité touristique, l’équipe de recherche a poursuivi les démarches pour l’habituation d’un quatrième groupe de primates.
Une perspective positive ?
Certes, la pandémie de la covid-19 a été un coup dur pour les aires protégées du TNS qui ont vu l’une de leurs sources financières principales paralysée. Néanmoins, d’un point de vu positive, cette situation inattendue a également été une période, d’introspection, de planification, de renforcement et de restructuration, un « élan » décisif pour une meilleure gestion des futurs touristes du TNS.